SUR LE PONT

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SUR LE PONT

저자 : Gueune-Ok JOUH(주근옥)     시집명 : SUR LE PONT
출판(발표)연도 : 2013     출판사 :
SUR LE PONT


Gueune-Ok JOUH
Traduction par Jai-Yong SONG


Le r&eacute;verb&egrave;re &eacute;claire

Sur le pont

L’Homme 1 – on le nommera ainsi- s’appuie

Contre le plateau

Un autre L’Homme 2 s’approche

En baragouinant

Et s’affaisse tout d’un coup

 

Il balbutie

&Ccedil;a tape

Il enl&egrave;ve le veston en disant

Voici qu’il pleut

Qu’il pleuve qu’il pleuve &agrave; verse !

Il prend une cigarette dans la bo&icirc;te

Et demande du feu

A l’Homme 1

Celui-ci tire la main de sa poche

Et donne du feu avec un briquet

A l’Homme 2

O&ugrave; habitez-vous ?


Maintenant trop d’inspections impr&eacute;vues

Les suspects doivent &ecirc;tre arr&ecirc;t&eacute;s sur-le-champ

J’ai &eacute;t&eacute; moi aussi arr&ecirc;t&eacute; hier

Pas de chance mais je n’ai pas peur

Mais c’est vexant de se voir contr&ocirc;ler

Peut-&ecirc;tre c’est &agrave; cause

De cette affaire terrible

Qu’est-ce que c’&eacute;tait cette affaire ?

Ah vous ne savez pas ?

Je viens d’arriver ici

Il hoche la t&ecirc;te

Ah oui d’accord

Il lui dit d’un ton convaincant

Un corps a &eacute;t&eacute; trouv&eacute; sans t&ecirc;te

Le cou a &eacute;t&eacute; coup&eacute;

Les doigts aussi

Ni carte d’identit&eacute; ni t&eacute;moin

Le criminel a disparu en plein brouillard

Il s’appuie doucement contre le poteau

Il semble &ecirc;tre dos &agrave; dos avec l’Homme 1

Rire aux l&egrave;vres

Il ouvre la bouche


C’&eacute;tait une femme

Ou plut&ocirc;t une jeune fille

Ses seins et ses fesses si souples

Et sa peau si tendre

Comment distinguer une dame et d’une jeune fille ?

H&eacute; h&eacute; votre question est fort amusante

Voulez–vous fumer ?

Il sort la bo&icirc;te de sa poche

Et met une cigarette entre ses l&egrave;vres

Vous n’entrez pas chez vous ?

Je passerai la nuit comme &ccedil;a

Vous semblez avoir quelque chose

Qui vous chagrine

Etes-vous mari&eacute; ?

Imaginez ce que vous voulez

Avez-vous des enfants ?

Dites ce que vous voulez

Ah je pense que je vous d&eacute;range

L’Homme 1 tourne la t&ecirc;te


Quel est votre pays natal ?

Mais le pays natal &ccedil;a n’importe pas

Si le pays natal &ccedil;a importe

Vous voulez dire n&eacute;anmoins que non !

L&agrave;-bas c’est un monde passager

Quelle &eacute;trange r&eacute;ponse que celle-ci !

D’apr&egrave;s l’accent vous n’&ecirc;tes pas originaire

De Gueng-Sang-Do ni de Jeun-Ra-Do

Avez-vous des parents pr&egrave;s d’ici ?

Je suis seul un parfait orphelin

Il tend sa valise devant lui et dit

C’est tout ce que j’ai sur moi &agrave; pr&eacute;sent

Un vrai orphelin perdu

Voulez-vous dormir ici ?

Ne vous en faites pas

Des nuages noirs se pressent autour de nos t&ecirc;tes

Partagez vos soucis

Avec votre femme chez vous

Ah vous voulez me conseiller

De caresser ma femme sur les fesses

Tapez ou caressez selon votre go&ucirc;t


Vous voulez toujours plaisanter

Il tourne doucement

Autour de l’Homme 1

Moi j’ai un sixi&egrave;me sens

Que les Dieux m&ecirc;mes envient

Et &agrave; vous voir ……

Comment alors

Demande-t-il l’esprit tendu

L’Homme 1 tourne encore en rond

Les yeux pleins d’angoisse

Gestes de tourment

D’inqui&eacute;tude aussi

L’Homme 1 prend l’Homme 2 par le cou

Et alors ?

Monsieur arr&ecirc;tez s’il vous pla&icirc;t

Et parlons &agrave; cœur ou vert

Vous voulez dire quoi ?

Il dit assur&eacute;ment

Vous allez vous tuer non ?

Il le pousse par le cou

Manque de chance !

Monsieur vous allez &eacute;changer


Votre vie si noble contre la mort ?

La vie ne m&eacute;rite pas d’&ecirc;tre noble

Ce n’est qu’un poisson corrompu

Compl&egrave;tement corrompu

Il exhale une odeur insupportable

L’Homme 1 pousse sa valise en avant

L’autre se retire

Ah non ! laissez-moi tranquille !

 

Quelle heure est-il ?

Pas de r&eacute;ponse

Le dernier train est pass&eacute;

Ma femme est all&eacute;e chez ses parents

Elle a chang&eacute; elle ne reviendra pas

L’Homme 1 regarde en bas

Appuy&eacute; sur la rambarde

L’Homme 2 le regarde attentivement

Il va certainement se tuer

L’autre jour mon apprenti a tent&eacute; la m&ecirc;me chose

Mais alors nul accident n’est arriv&eacute;


Je l’ai rattrap&eacute; en le prenant par le cou

Mais &ccedil;a n’ira pas comme &ccedil;a

La vie est difficile &agrave; vivre

Autant mourir

L’Homme 1 se penche pour regarder

la rivi&egrave;re au dessous

L’Homme 2 le suit d’un pas press&eacute;

Monsieur fuyez ! fuyez le danger !

L’Homme 1 se trouve toujours inclin&eacute;

On dirait qu’il est sourd

Il a froid au dos

Monsieur avez-vous perdu l’esprit ?

Il regarde par-dessous le pont

Une profondeur infinie

Oh l&agrave; l&agrave; !

Il dessine un rond de la t&ecirc;te au-dessus

Peut-&ecirc;tre que sa t&ecirc;te tourne

L’Homme 1 ne bouge point

Celui-l&agrave; est tr&egrave;s bizarre

L’Homme 2 se tourne vers l’Homme 1

Ca ne me regarde pas

M&ecirc;me si vous tombez dans la rivi&egrave;re infernale


Je ne veux pas regarder sournoisement

Je ne parle pas pour vous nuire

Donc ayez de la patience s’il vous pla&icirc;t

Il lui reproche en le montrant du doigt

T&ecirc;tu comme une mule !

En se retournant il dit d’un ton bourru

Laisse-le faire !

 

L’Homme 2 s’avance

Et jette un regard distrait au ciel

Il va et vient d’un air inquiet

L’Homme 2 avance

Et tape le dos de l’Homme 2

L’Homme 2 dit surpris soudainement

Calmez-vous s’il vous pla&icirc;t

Il lui tend la bo&icirc;te de cigarettes

L’Homme 2 en prend une et dit

Vous &ecirc;tes vraiment gentil

Pensez-vous ?

Ils &eacute;changent des rires insignifiants

L’Homme 2 prend la valise


Et la montre &agrave; l’Homme 2 en disant

L&agrave;-dedans il y a toute ma vie

Alors en jetant cette valise

Je mets un point final &agrave; mon pass&eacute; insolite

Loin d’&ecirc;tre convaincu l’Homme 2 balbutie

C’est une &eacute;nigme qu’il raconte

Mais enfin comme s’il l’e&ucirc;t compris

Il lui dit d’abandonner la valise

Puisqu’elle est trop us&eacute;e

Et achetez-vous en une autre qui soit superbe !

Merci !

&Ccedil;a fait rien

Vous habitez loin ? Vous &ecirc;tes arriv&eacute; retard

L’Homme 2 d&eacute;signe une direction du doigt

Si vous allez &agrave; gauche de la gare pendant cinq minutes

Vous trouverez une boucherie &agrave; travers le viaduc

Ce boucher-l&agrave; qu’on appelle Tchenne a gagn&eacute; pas mal d’argent

Et derri&egrave;re de location se trouve ma maison

Une maison que je loue mais c’est un paradis quand m&ecirc;me

Ma femme n’est pas l&agrave; en ce moment


L’Homme 1 baille

Ma femme s’est fait avorter

A quoi  un enfant sert-il?

Ce qui est n&eacute;cessaire c’est l’argent

De toute fa&ccedil;on nous sommes heureux

Quel bonheur conjugal !

L’Homme 1 se tient contre le poteau

L’Homme 2 s’approche et dit

Ses yeux sont &eacute;carquill&eacute;s

Et aussi mouill&eacute;s

Ses seins sont tendus

Que c’est naturel !

Puisqu’elle n’a jamais allait&eacute; d’enfant

D’ailleurs c’est moi qui les ai suc&eacute;s

Jugeant que l’Homme 1 ne veut pas entendre

Il lui demande si son discours l’ennuie

L’Homme 1 r&eacute;pond que c’est int&eacute;ressant

Allez-y ! continuez !

Mais vous ne m’&eacute;coutiez pas !

Voulez-vous que je bavarde tout seul ?

Voyez mes oreilles sont tout ouvertes pour vous entendre


Anim&eacute; de nouveau

Il &eacute;clate de rire et dit

Ah comme vous &ecirc;tes intelligent !

Mais le monde ne va pas facilement

Je vous dis que votre intelligence est inadmissible

Soyez un peu plus aimable

Soyez un peu plus l&acirc;che

Quel est votre m&eacute;tier ?

Le m&eacute;tier &ccedil;a n’importe pas beaucoup

L’Homme 1 tape l’Homme 2 sur l’&eacute;paule

Oui c’est vrai

Le m&eacute;tier n’a pas de classes

Ce qui importe c’est l’orgueil

Je suis fonctionnaire &agrave; la mairie

Je m’occupe des formalit&eacute;s concernant l’&eacute;tat civil

C’est pour &ccedil;a que je ne sais pas mal de choses

Ecoutez par exemple c’est tr&egrave;s int&eacute;ressant

Autre fois une jeune femme de vingt-six &agrave; vingt-sept ans

S’est pr&eacute;sent&eacute;e pour demander un extrait de naissance

Elle &eacute;tait plut&ocirc;t belle


Elle avait une petite tache noire sous l’œil gauche

Elle avait aussi des faussettes aux creux des joues

Disons franchement

Oui je veux vous parler franchement

J’avais envie de l’embrasser

Et il fait semblant de l’embrasser

Je vous dis toujours la v&eacute;rit&eacute;

Vous &ecirc;tes trop affectif et sournois

Non vous n’&ecirc;tes pas tellement sournois

Elle s’est mari&eacute;e sans doute

Selon l’Etat Civil

Ah comme vous &ecirc;tes idiot !

Alors il faudra se renseigner

Aupr&egrave;s de l’Etat Civil de la famille du mari

Mais cette femme-l&agrave; a saut&eacute; de col&egrave;re

Elle s’est d&eacute;clar&eacute;e non mari&eacute;e

Elle s’est d&eacute;clar&eacute;e vierge et vierge pure

Mari&eacute;e sur le papier

Mais non mari&eacute;e en r&eacute;alit&eacute;

La destin&eacute;e d’une femme


Pouvait-elle ainsi d&eacute;pendre du bout d’un stylo ?

Oui c’est possible

Pensez-vous ?

C’est vrai n’y pensez plus !

Retournez chez vous

Votre &eacute;pouse doit vous attendre

Ma femme ?

Je l’ai chass&eacute;e chez ses parents

Ces jours-ci les femmes sont imprudentes

Elles vont chez leurs parents &agrave; la moindre occasion

Et pour le moindre pr&eacute;texte

Elles ne pensent toujours qu’&agrave; sortir de leurs maisons

Donc j’ai cong&eacute;di&eacute;e ma femme !

Mais elle m’a fait savoir

Qu’elle arriverait par le dernier train ce soir

Le dernier train n’est-il pas encore pass&eacute; ?

Elle ne viendra pas ce soir

Allons ensemble chez moi

Nul attendra pour vous recevoir

Merci mais je voudrais rester ici tout seul

Et c’est mon principe




De ne rien devoir &agrave; autrui

Ne r&eacute;agissez pas comme &ccedil;a

C’est assez simple

Je fais &ccedil;a pour vous par simple gentillesse

C’est impoli de ne pas respecter la gentillesse

C’est la v&eacute;rit&eacute; n’est-ce pas ?

Il hausse le ton et dit

Allez-vous en avec votre v&eacute;rit&eacute; !

L’Homme 2 en est stup&eacute;fait

L’Homme 1 regarde le ciel

 

Connaissez-vous cette femme-l&agrave; ?

Voulez-vous dire la femme

Qui est enregistr&eacute;e mari&eacute;e sur l’Etat Civil

Mais qui est r&eacute;ellement non mari&eacute;e ?

Il questionne d’un air m&eacute;fiant

La connaissez-vous par hasard ?

Pas de r&eacute;ponse

Soit ……

Ah non !

Il hoche la t&ecirc;te


L’Homme 1 change de conversation

Etes-vous mari&eacute; ?

Oui je suis mari&eacute;

Mais ma femme n’a pas d’importance

Car la femme d’autrui peut &ecirc;tre la mienne aussi

Quand je couche avec elle

Ah oui vous dites la v&eacute;rit&eacute;

Maintenant vous &ecirc;tes digne de dire la v&eacute;rit&eacute;

J’ai confiance en vous

Pour me confesser devant vous

Mon p&egrave;re &eacute;tait boucher de viande canine

Notre arri&egrave;re-cour &eacute;tait un lieu d’ex&eacute;cution

Mon p&egrave;re tirait f&eacute;rocement des chiens

Par la corde attach&eacute;e au cou

Pauvres chiens qui chiaient sous eux!

Pauvres chiens qui se d&eacute;battaient sans force

Leurs yeux pleins de mal&eacute;diction

Leurs langues pendantes hors la gueule

J’ai vu tout cela quotidiennement

Mes camarades se moquaient de moi

D’&ecirc;tre le fils d’un boucher de chien

J’ai abandonn&eacute; en route


Mes &eacute;tudes au coll&egrave;ge

J’ai quitt&eacute; la maison paternelle

J’ai entam&eacute; une vie de pick pocket

Apr&egrave;s avoir vol&eacute; de l’argent

J’ai souvent couch&eacute; avec des femmes

Et je me rappelle entre autres cette femme

Qui pleurnichait malgr&eacute; elle

Elle m’a dit qu’elle avait &eacute;t&eacute; maltrait&eacute;e

Par sa belle-m&egrave;re

Elle avait dit un &eacute;ternel adieu &agrave; son p&egrave;re

Pauvre femme !

Je lui ai offert tout ce que j’avais gagn&eacute;

Ah je ne savais pas

Ce que c’est que les femmes !

C’&eacute;tait mon premier amour

C’est ridicule mais je l’aimais

Je pleurais de piti&eacute;

Quand je ne la voyais pas pendant une journ&eacute;e

J’ai senti la douleur d’avoir tout perdu

Mais ce qui est arriv&eacute; la prochaine !

On est tomb&eacute; mal

Je suis emmen&eacute; en prison


Ah ce n’est pas chose rare parmi nous

Mais quand je suis sorti de l&agrave;

Elle avait disparu sans trace

Cette garce-l&agrave; m’avait plant&eacute;

Il tourne soudainement la t&ecirc;te et demande

Savez-vous qui je suis ?

Je suis le fils m&ecirc;me de ce boucher de chien

Je viens d&eacute;verser en flots

Dix ans de ma vie

Bri&egrave;vement en quelques mots

Je comprends que vous m’avez ouvert votre cœur

Oubliez votre femme !

Vous pourrez vous marier encore !

Quand vous couchez avec une femme

Elle est certainement la v&ocirc;tre

Puisque j’ai commenc&eacute; &agrave; parler

Je vous avouerai franchement

Que j’ai couch&eacute; avec cette femme-l&agrave;

Mari&eacute;e sur l’Etat civil

Mais non mari&eacute;e en r&eacute;alit&eacute;

C’&eacute;tait elle ma femme !

L’autre d’un air surpris lui demande


Ah c’est vous-m&ecirc;me ?

On a couch&eacute; une fois et deux fois

Ainsi de suite

Enfin on s’est li&eacute; par l’amour passionn&eacute;

Comme c’est effroyable l’amour passion!

L’Homme 1 &eacute;clate de rire follement

Ah votre femme ! elle est aussi la mienne !

Enchant&eacute; de vous rencontrer !

L’homme 2 interroge

Quoi ? votre femme en m&ecirc;me temps que la mienne ?

Vous ne me croyez pas ?

Si je vous crois volontiers

Je crois que vous ne mentez pas

Mais ne pouvant pas croire au fond

Il lui demande encore

Dites-vous la v&eacute;rit&eacute; ?

Si je ne veux pas porter plainte contre elle

Pour adult&egrave;re

C’est qu’elle n’est pas ma femme l&eacute;gale

Elle s’&eacute;tait d&eacute;j&agrave; mari&eacute;e


Avant de me rencontrer

Ensuite men&eacute;e par les d&eacute;sires adult&egrave;res

Elle a abandonn&eacute; la vie conjugale

Pour vivre avec moi

Et pendant mon absence

Elle &eacute;tait votre femme

N’y pouvant croire l’Homme 1 dit

Non ce n’est pas vrai

Ma femme ne m’a jamais trahi

Je vous dis qu’elle n’est pas votre femme

Si si elle est ma femme

Vous vous &ecirc;tes tromp&eacute; elle est ma femme

Jamais ! elle est ma femme

Non jamais !

Non jamais !

Je vous r&eacute;p&egrave;te qu’elle est mon &eacute;pouse

Ah Ben ! alors voulez-vous dire

Que vous l’avez eue l&eacute;galement ?

Mais vous ne l’avez eue l&eacute;galement

Vous non plus !

De toute fa&ccedil;on elle est ma femme

D’accord !


Bien ! allons lui demander ce qui est arriv&eacute;

D’accord !

Ils se regardent face &agrave; face

Un doute ind&eacute;niable plane sur eux

Peut-&ecirc;tre qu’elle est d&eacute;j&agrave; partie

Dans une autre direction

Alors ? nous voil&agrave; !

Oui c’est possible !

Non ce n’est jamais possible !

Voulez-vous me tromper ?

Mais vous ne le pouvez pas

Par vos paroles sournoises

Ma femme viendra-t-elle quand m&ecirc;me

Ne l’appelez pas votre femme

Le dernier train est d&eacute;j&agrave; pass&eacute;

Elle arrivera peut-&ecirc;tre

Dans le premier train du matin

Si elle n’arrive pas dans le premier train ?

Alors elle arrivera dans le prochain

Si elle n’arrive non plus dans le prochain ?

Alors sans doute dans le prochain apr&egrave;s prochain

Vous vous moquez de moi !


Voil&agrave; une parole absurde !

On doit attendre jusqu’au bout

Je vais vous laisser donc

Le r&eacute;sultat se devine d&eacute;j&agrave; clairement

Vous y renoncez maintenant ?

Ce n’est pas cela je suis trop press&eacute;

Pour passer du temps &agrave; ne rien faire

Nous nous verrons pour la juger

Quand elle arrivera dans quelques jours

C’est raisonnable

D’accord je veux bien

Ca va pour dimanche prochain ?

On se verra ici et juste &agrave; cette heure non ?

C’est ici la fronti&egrave;re des deux mondes

Des vivants et des morts

L’Homme 1 se retourne de nouveau

Je m’excuse de vous laisser cette valise

Pourquoi &agrave; moi ? Jetez-la !

Mais elle est trop pr&eacute;cieuse pour &ecirc;tre jet&eacute;e !

Me charger de votre valise

C’est me faire garder toute votre vie !

Excusez-moi


En tout cas je vous laisse cette valise

Il h&eacute;site et la prend

L’Homme 1 dispara&icirc;t promptement

L’Homme 2 le regarde distraitement

Et s’&eacute;crie sur son dos

Quelle b&ecirc;te cingl&eacute;e !

Tu soutiens avoir des droits sur ma femme !

Sale voleur !

Il se dirige vers le r&eacute;verb&egrave;re

Il secoue la t&ecirc;te attentivement

Il ouvre la valise soigneusement

Et pousse un cri de surprise

En tressaillant d’effroi

Il devient presque cadavre

Qu’est-ce que je peux faire ?

Ce salaud m’a laiss&eacute; la t&ecirc;te coup&eacute;e d’une femme !

 

Il prend la valise des deux main

Il va et vient sous le r&eacute;verb&egrave;re


Il a perdu l’esprit

Enfin il jette la valise dans la rivi&egrave;re

Il recule petit &agrave; petit pour s’enfuir

Le r&eacute;verb&egrave;re reste tout seul comme avant

 

 Avant-propos
Ce recueil de po&eacute;sie est fond&eacute;e sur S+7(substantif + septi&egrave;me de Harmonie) de Jean Lescure et s&eacute;miotique d'Algirdas Julien Greimas. Par cons&eacute;quent elle est &eacute;galement sur Phoria avec Aporia. C'est-&agrave;-dire, c'est po&eacute;sie de la valence qui est interaction d'induction avec la d&eacute;duction, et de perception avec la cat&eacute;gorie thymique. Il est comme le minimalisme ou l'OuLiPo. Cette action discursive est montr&eacute;e sur la mise en sc&egrave;ne, il sera interpr&eacute;t&eacute;e globalement par des lecteurs.

Gueune-ok JOUH

Gueune-Ok JOUH, n&eacute; en Cor&eacute;e, a fait ses &eacute;tudes &agrave; l&#146;Universit&eacute; de Chung-Nam et soutenu une th&egrave;se de doctorat: L&#146;&eacute;tude de la modernit&eacute; dans la po&eacute;sie moderne cor&eacute;enne, &agrave; l&#146;Universit&eacute; de Daejeon. Il est reconnu surtout comme po&egrave;te qui recherche la possibilit&eacute; de la nouvelle po&eacute;sie &eacute;pique. Il a publi&eacute; de nombreux recueils de po&egrave;mes: Le cr&eacute;puscule sur le dos, Le tonnerre et la rose et Pour d&eacute;sherber. Il a &eacute;t&eacute; instructeur de l'Universit&eacute; de Daejeon.

Jai-Yong SONG, traducteur de Sur les roues et Sur le pont de Gueune-Ok JOUH, a fait ses &eacute;tudes de langue et litt&eacute;rature fran&ccedil;aises &agrave; l&#146;Universit&eacute; de S&eacute;oul et soutenu une th&egrave;se de doctorat &agrave; l&#146;Universit&eacute; Paul Val&eacute;ry Montpellier III. Ses travaux principaux portent sur les recherches de la critique litt&eacute;raire fran&ccedil;aise. Il a traduit &eacute;galement en cor&eacute;en de nombreux ouvrages litt&eacute;raires fran&ccedil;aises, notamment de Hugo, Apollinaire, Breton,  Maurois, etc. Il est professeur honor&eacute; &agrave; l&#146;universit&eacute; de Chung-Nam.

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